Blog Le poignard subtil

Le Poignard Subtil

J’aime beaucoup l’art brut, l’art naïf, l’art qui prend des chemins de traverse et voici un blog qui correspond entièrement à mes goûts.

http://lepoignardsubtil.hautetfort.com/

Éloge des jardins Anarchiques

Le livre de l’auteur du blog Bruno Montpied Éloge des jardins Anarchiques édité par l’Insomniaque en 2011 est un petit bijou, il est accompagné DVD d’un film de Rémy Ricordeau Bricoleurs de Paradis… En voici un extrait :

L’automatisme n’est jamais loin de l’art brut…

Bonne découverte

Les Arts Décoratifs de Paris

Toujours en cherchant des photographies pour mes recherches, je suis tombée sur une série de photos datant des années 1930. Regner est alors à l’école nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris dont il sera diplômé en 1932. Ces photos auraient été prises durant cet enseignement.

Ce sont différentes mises en scène, déguisées ou non. La jeune femme est visiblement modèle et les jeunes hommes des élèves. Certaines scènes intègrent un squelette. Elles sont probablement des pastiches, mais qui me sont inconnus. (Si vous avez des idées n’hésitez pas à laisser des commentaires en fin de page).

Dans la série ci-dessus des masques ont été fabriqués. Certains ressemblent à des masques africains (Je pense aux masques Dogons du Mali), d’autres ont des allures de totems amérindiens.

La dernière photo me fait penser à une allégorie de la vie et de la mort.

De ces années, seule une toile de Regner est connue Eve datant de 1931 (de nombreuses toiles ont été détruites par l’artiste notamment durant sa période d’apprentissage). Cette peinture de petit format ne ressemble à aucune autre. Regner possède déjà une grande maîtrise des couleurs :

Les signatures cachées ; premières constatations

Cela fait plusieurs années que j’étudie l’œuvre de Regner, que je scrupte minutieusement ses toiles. Elles étaient là sous mon nez et je ne les avais pas vues, j’en avais entendu vaguement parler, mais sans l’œil avisé d’Yves, (un membre de l’association à qui je dois aussi la plupart des clichés photos qui sont sur ce site) je serais complètement passé à côté. Je ne suis pas la seule, j’ai fait le test avec des membres de la famille du peintre qui ont des toiles chez eux et… c’est la même chose…

Depuis c’est un jeu : trouver les signatures cachées dès que je vois une toile. Le tout est d’être initié… Chez Regner, à mon avis cela veut dire beaucoup.

Ces signatures sont des initiales (A.G.R) glissées dans les toiles à partir de 1965, elles apparaissent sur une première couche de peinture et sont recouvertes par une seconde. Elles se situent souvent aux angles de la toile et peuvent se trouver sous la signature.

Elles sont de la même couleur que le tableau, et sont repérables grâce à un effet de matière. Dans certaines toiles elles sont à peine visibles. Mais d’après mes premiers relevés elles sont systématiques à partir de 1965.

Vers 1980, Regner à peint trois toiles témoins afin d’expliquer sa technique (cf. l’Elaboration d’une toile). Dans une de ces toiles, lors du report du dessin à la peinture blanche, les initiales sont présentes, ce qui permet de savoir à quel moment la signature est ajoutée. Et montre que Regner avait donné toutes les clés de lecture de ses toiles, il suffisait de regarder.

Je n’ai pas relevé de témoignages de Regner à propos de ces signatures cachées. Seul Henry Lhotellier les mentionnent dans un article :

Aux murs, de tes peintures, paysages ou natures mortes comportant, dissimulé dans un feuillage ou dans l’ombre d’un objet, un minuscule point rouge. Signe ou signature sécrète qui annonçait déjà tes « signatures cachées » futures. Là pointe déjà ta recherche de l’envers des choses, de l’invisible sous le visible, la transmission du message profond de l’inconscient. Lhotellier in Bononia, 1991.

La Rencontre avec Bonnard

Regner a été marqué par sa rencontre avec Pierre Bonnard dont un des neveux, Charles Terrasse (conservateur du Musée de Fontainebleau), était un ami. Par ce biais, il eut la chance de pouvoir étudier les toiles du maître dissimulées au château de Fontainebleau durant la seconde guerre mondiale :

Par un après-midi de l’été 1940, dans Fontainebleau peuplé de soldats allemands, deux hommes tiraient une voiture à bras. […] c’étaient deux gardiens du Musée National […] et la voiture contenait des peintures signées de Signac, de Bonnard, de Roussel, de Marquet, d’autres maîtres encore… Ces œuvres d’art vinrent dormir au château, dans les chambres vagues, au fond de couloirs sombres. […] Elles descendirent aussi dans des souterrains et, pour la dernière fois, aux jours de la bataille de Melun, en août 1944. […] C’est ainsi que 200 œuvres d’art et davantage ont été dissimulées aux recherches allemandes et soustraites aux obligations de déclaration du gouvernement de Vichy. Charles Terrasse, Peintures contemporaines, Salle du jeu de paume, Château de Fontainebleau, août 1945.

De sa rencontre avec Bonnard, Regner retiendra la technique de la mise en évidence des couleurs en effectuant un rappel des touches, mais aussi le jeu de transparence ainsi qu’il en parle dans son entrevue de 1984 :

Vous me parlez de la transparence dans la peinture à l’huile, j’ai été très rapidement amené à m’intéresser à cette question et la transparence pour rendre vivante la peinture à l’huile m’a été confiée par une rencontre avec Bonnard. […] On a vu débarquer Bonnard avec une petite boîte à pouce de peinture et il s’est rendu dans l’aumônerie du Palais de Fontainebleau où étaient camouflées ses œuvres. Il s’est particulièrement intéressé à une peinture représentant un cheval, […] Le Cheval de cirque et bien à cette époque là ce cheval était rouge et Bonnard a placé une espèce de teinte blanchâtre sur ce rouge et maintenant on voit cette teinte raffinée, on ne soupçonne pas ce qu’il y a en dessous, mais ceux qui sont sensibles à la peinture à l’huile le ressentent, le ressentent comme une chose excellente. Extrait ITV. Herniaux, Gruyer, 1984.

La Cathédrale de Bayeux

En cherchant des photographies je viens de faire une découverte intéressante. Elle ne concerne pas sa période automatique mais une toile déjà citée, La Cathédrale de Bayeux. C’est une toute petite photographie n’avait jamais retenu l’attention de personne et qui sans sa numérisation n’aurait peut-être jamais livrée son secret…

Si on recadre un peu la photo, on retrouve la même vue, le même chemin, la cabane, les arbres… Est-ce une prise de vue réalisée lors d’un repérage? La toile a t-elle été peinte à partir de la photographie?