Regner a été marqué par sa rencontre avec Pierre Bonnard dont un des neveux, Charles Terrasse (conservateur du Musée de Fontainebleau), était un ami. Par ce biais, il eut la chance de pouvoir étudier les toiles du maître dissimulées au château de Fontainebleau durant la seconde guerre mondiale :
Par un après-midi de l’été 1940, dans Fontainebleau peuplé de soldats allemands, deux hommes tiraient une voiture à bras. […] c’étaient deux gardiens du Musée National […] et la voiture contenait des peintures signées de Signac, de Bonnard, de Roussel, de Marquet, d’autres maîtres encore… Ces œuvres d’art vinrent dormir au château, dans les chambres vagues, au fond de couloirs sombres. […] Elles descendirent aussi dans des souterrains et, pour la dernière fois, aux jours de la bataille de Melun, en août 1944. […] C’est ainsi que 200 œuvres d’art et davantage ont été dissimulées aux recherches allemandes et soustraites aux obligations de déclaration du gouvernement de Vichy. Charles Terrasse, Peintures contemporaines, Salle du jeu de paume, Château de Fontainebleau, août 1945.
De sa rencontre avec Bonnard, Regner retiendra la technique de la mise en évidence des couleurs en effectuant un rappel des touches, mais aussi le jeu de transparence ainsi qu’il en parle dans son entrevue de 1984 :
Vous me parlez de la transparence dans la peinture à l’huile, j’ai été très rapidement amené à m’intéresser à cette question et la transparence pour rendre vivante la peinture à l’huile m’a été confiée par une rencontre avec Bonnard. […] On a vu débarquer Bonnard avec une petite boîte à pouce de peinture et il s’est rendu dans l’aumônerie du Palais de Fontainebleau où étaient camouflées ses œuvres. Il s’est particulièrement intéressé à une peinture représentant un cheval, […] Le Cheval de cirque et bien à cette époque là ce cheval était rouge et Bonnard a placé une espèce de teinte blanchâtre sur ce rouge et maintenant on voit cette teinte raffinée, on ne soupçonne pas ce qu’il y a en dessous, mais ceux qui sont sensibles à la peinture à l’huile le ressentent, le ressentent comme une chose excellente. Extrait ITV. Herniaux, Gruyer, 1984.