Regner suivra les « Réunions du mardi » tenues par Françoise Dolto durant l’année 1950-1951.
Débutées avant-guerre ces rencontres étaient à l’origine réservées aux psychanalystes et ont évolués ensuite en séminaires dirigés par Françoise Dolto dont l’intitulé était « Étude Comparative de la Clinique et du Dessin Libre ». À cette époque la psychanalyste n’était guère connue, mais déjà très controversée, ce séminaire revêtait alors un caractère confidentiel.
C’est en tant que professeur de dessin que Regner a pu suivre ce séminaire, la participation étant réservée aux professionnels de l’enfance. Chaque participant devait présenter un ou plusieurs dessins d’enfants en restituant les éléments connus et les circonstances dans lesquelles le dessin avait été fait, le docteur Dolto commentait alors ces dessins apportés par les praticiens et les aidaient à comprendre le sens qu’il fallait leur donner.
L’association a.a.A-G.R possède les notes de ces cours. Ces cahiers foisonnent d’analyses de dessins d’enfants et d’études de symboles, mais aussi de classifications par maladie, de méthodes d’investigations pour l’analyse des dessins, et de conseils sur l’éducation de jeunes enfants.
À travers cet apprentissage, Regner consolidera ses notions concernant les pratiques éducatives. D’un point de vue personnel, cet enseignement a rejoint son besoin profond et intuitif d’introspection, mais aussi en tant que professeur ses préoccupations pédagogiques. Il mettra en pratique ses nouvelles connaissances dans ses classes, en analysant les dessins de ses élèves.
En travaillant avec la psychanalyste Dolto, j’ai beaucoup appris sur les symboles. Le symbolisme m’est tout à fait acquis, souligne le peintre, à seule fin d’étayer son raisonnement. Il a d’ailleurs mis cet acquis en pratique au cours de son professorat. « Faites faire à des enfants de 6edes dessins figurants une forêt profonde et vous verrez qu’en fin de compte… on décèle leur personnalité. C’est eux-mêmes qu’ils décrivent. Jones, La Renaissance, 14 décembre 1982.
Dans son livre consacré à l’artiste, Georges Turpin évoque l’inspiration que ces dessins d’enfants lui apportèrent pour la réalisation de ses toiles de la première manière :
Ce sont souvent d’ingénus aveux. Il en aime la simplification graphique et colorée, le caractère souvent symbolique, parfois synthétique, l’esprit inventif et aussi l’innocence. Ces fraîches visions enfantines l’ont captivé et il ne cache point qu’elles ont sans doute eu une certaine influence sur l’évolution de son art.
Au cours de ses années d’enseignement, il entretiendra une relation particulière avec ses étudiants, souhaitant les accompagner dans leur formation du mieux qu’il peut. Regner a toujours accordé beaucoup d’intérêts à cette étape décisive qu’est l’adolescence :
Mes connaissances des dessins révélateurs, m’ont permis d’aider beaucoup de mes élèves. Et quand j’avais trouvé ce qui les blessait, je n’hésitais pas à leur en parler et pendant les récréations, j’avais toujours quelques élèves qui venaient et qui m’écoutaient et je pense que j’en ai tiré d’affaire plusieurs. ITV. Herniaux, Gruyer, 1984.