Comme nous avons pu le voir, l’automatisme de Regner s’est construit au fil des années… Pour aboutir à cette première manière.
Regner ayant très vite évolué dans sa technique et occulté cette phase d’apprentissage par la suite, il existe très peu d’informations sur la réalisation et le traitement des dessins automatiques relatifs à cette première période s’étendant de 1945 à 1953.
Après avoir effectué une sélection de croquis automatiques de base et identifié les sujets profilés, l’artiste exécute différentes épures afin de « renforcer » le sujet, n’hésitant pas à réaliser quelques modifications afin de parvenir à imbriquer les personnages entre-eux. Au cours de cette étape le dessin entaché par ce changement perd son contenu automatique : Au départ […] je ne respectais pas tout à fait le dessin automatique. Notamment dans les faux traits. J’animais les surfaces. Point final. Puis, je me suis tenu au graphisme original. La Renaissance, 14 décembre 1982.
Délimitation des zones claires et foncées
Le dessin en ressort épuré des traits superflus. Des zones claires et foncées sont délimitées ; les sujets sont travaillés en opposition avec le fond, si le personnage est traité en clair, le fond sera foncé et vis versa. Puis ce fut le début de mes dessins automatiques en supprimant les faux traits pour ne garder que les contours représentant à mes yeux quelque chose. Je procède alors à des jeux de fonds pour animer les surfaces et rehausser les silhouettes approximatives des grandes masses. La Renaissance du Bessin, 5 juillet 1947.
Emboîtement des figures
Cette peinture très décorative, est caractérisée par l’emboîtement des figures, dans un premier temps très rondes aux couleurs tranchantes traitées en aplat.
Au lieu de séparer les figures, il les emboîte les unes dans les autres, ou dans les objets. […] En somme deux figures rapprochées ont une ligne commune, laquelle se creuse pour la première et s’avance pour la seconde. Journal des Amateurs d’Art, 22 décembre 1950.
Le décor
Les fonds sont richement décorés de motifs réguliers ; dès lors rythmés par un jeu deux tiers un tiers, perceptible dans Le Cheval à Bascule, caractéristique que l’on retrouvera lors de la seconde manière. Regner joue avec la matière, n’hésitant pas à utiliser divers ustensiles : bouchons, peignes, tampons de toutes sortes pour obtenir des traits différents ou bien des formes répétitives et effets de matière telles que les ronds ou les lignes :
Afin d’éviter la monotonie de ces surfaces de couleurs, ce coloriste raffiné qu’est Regner les anime par de petits ronds, par des quadrillages sur les étoffes des robes féminines et encore sur les objets. […] Les rythmes des lignes répondent toujours dans les créations picturales de cet artiste aux rythmes chromatiques dans lesquels de larges notes claires s’opposent à des notes sombres. Journal des Amateurs d’Art, 22 décembre 1950.
Pour plus d’informations sur cette période
Vous trouverez dans cette rubrique trois autres pages :
- Une à propos l’évolution de la facture durant cette période
- L’autre sur le symbolisme des peintures
- Pour terminer une page à propos des peintures essais de la première manière automatique.