La Technique de Regner

Après plusieurs années d’apprentissage et d’exercice de la peinture, c’est aux alentours de 1945 que Regner adopte cette technique chère aux artistes surréalistes. Faisant le choix que chacune de ses œuvres aura pour point de départ un dessin automatique, un procédé qu’il étudie depuis plusieurs années déjà :

Et toutes mes compositions ont toujours comme point de départ un dessin automatique exécuté en état second. Pour les déchiffreurs de symboles, il est facile de s’en rendre compte et de voir que tous les sujets apparents sont sous-entendus par un sujet caché venant tout droit de ce qui est refoulé dans l’enfance. Paublan, Revue de Boulogne-sur-Mer, mai 1950.

La méthode

La méthode, établie par Regner pour parvenir à la conception de ce type de dessin, est visiblement restée la même tout au long de sa carrière.

André Breton avec son écriture automatique m’avait beaucoup impressionné. Car je pensais que l’on pouvait aussi faire des dessins automatiques ; il n’y avait pas de raison, si on mettait une planche que l’on appelle de ouija, on pouvait écrire mais aussi bien dessiner et je me suis mis très facilement à ces expériences de dessin qui venaient du subconscient. ITV. Herniaux, Gruyer, 1984.

Dans un état de complet abandon, hypnagogique c’est-à-dire proche de l’endormissement semblable à l’état de veille, Regner réalise ses dessins automatiques les yeux fermés, généralement au cours de la nuit. S’efforçant de ne penser à rien, « attendant le bon plaisir de son subconscient » :

Un dessin fait très souvent les yeux fermés au milieu de la nuit, quand j’ai des insomnies, ce qui m’arrive assez fréquemment, j’ai toujours à la tête de mon lit des papiers, des blocs-notes ; et j’attrape ça dans le noir et je griffonne pendant deux heures, trois heures. Interview France 3 Normandie, 1965-1966.

La lecture du dessin automatique

La découverte du dessin se fait après coup, généralement le jour suivant où l’artiste effectue un travail de lecture puis de sélection des dessins les plus aboutis, consistant à repasser sur le trait pour faire ressortir le sujet. Spontanément un premier titre peut être trouvé et noté sur le croquis :

Ensuite je regarde ce que j’ai fait et j’essaie d’y lire des formes. La plupart du temps je jette ce que j’ai fait, mais parmi mes centaines de graphismes libres, quelques fois quelques-uns retiennent mon esprit. G. B, Nord Littoral, 25 décembre 1969.

Il est important d’apporter une nuance entre « lecture » et « interprétation » d’un sujet. À ce stade du procédé c’est une lecture, l’artiste se contente de mettre en valeur les formes préexistantes. Comparable à la lecture d’un livre, l’acte de lire des mots peut être différencié de la compréhension du texte celle-ci étant la corrélation des mots entre eux. Quant à l’interprétation elle va se faire à un autre stade.

Il est évident que pour découvrir les formes il faut se projeter dedans. Et en se projetant dedans on fini par voir les formes, parfois ce n’est pas visible au premier coup d’œil. ITV. Herniaux, Gruyer, 1984.

L’étude

En fonction de la période, l’artiste ayant progressé dans sa méthode, l’étude qu’il va mener sur son dessin automatique ne sera pas la même.