En ce qui concerne les techniques du dessin ce furent le frottage, la décalcomanie et le fumage. Nous pouvons y ajouter l’utilisation inhabituelle du dessin dans le cadre d’un jeu […] le cadavre exquis. Bien que ces nouveaux moyens d’expression fussent accueillis avec enthousiasme, ils ne parvinrent pas à remplacer les vieilles techniques du dessin qui restèrent au début à la fin, l’une des principales formes d’expression de la plupart des peintres surréalistes. Šmejkal.
Le dessin
Le dessin constitue l’instrument principal de l’automatisme graphique, véritable pendant de ce que fut l’écriture pour l’automatisme verbal. Bien que les surréalistes aient rejeté dès le début la notion traditionnelle de l’art, ils ne pouvaient pas se passer de ces techniques traditionnelles. Mais afin de révéler cet automatisme de nouveaux procédés vont être créés, leurs objectifs étaient l’enregistrement du matériau imaginaire, inconscient ou onirique, qui surgissait dans l’esprit de l’artiste :
Même si certains artistes, […] continuaient de dessiner dans une veine illusionniste traditionnelle, d’autres comme Marx Ernst, suivant en cela l’exemple de Marcel Duchamp, renoncèrent bientôt aux techniques traditionnelles et se rangèrent à la nécessité formulée par Breton « désapprendre à peindre, à dessiner ». Clark V. Poling.
André Masson
André Masson est un des premiers à s’adonner au dessin automatique dans les années 1923-1924, avant que le mouvement surréalisme ne soit créé. Il restera comme l’artiste ayant pratiqué le dessin automatique, et celui qui en aura le plus parlé. Dès 1926, Masson est préoccupé par les décalages qu’engage la technique automatique dans la peinture, il n’arrive pas à atteindre la vitesse, la spontanéité nécessaire à l’automatisme :
Avec la peinture, toute une préparation est nécessaire qui crée un décalage. Si l’on utilise la peinture à l’huile traditionnelle, il est impossible d’avoir une rapidité de mouvement suffisante pour faire de l’automatisme pur. À la rigueur on peut employer comme point de départ, je l’ai souvent fait, un dessin automatique que l’on développe en cours de route. Cela peut donner naissance à des choses inattendues, mais ce n’est pas de l’automatisme pur et je continue à penser qu’il est impossible de faire une peinture automatique c’est-à-dire en dehors de tout contrôle de la raison. Brownstone.
Les limites du procédé
Confronté à cette impossibilité de faire de la peinture automatique, les artistes cherchèrent des subterfuges : Joan Miró, ou bien Masson, créèrent des tableaux à partir de plusieurs dessins automatiques leur servant alors de réservoir de formes. Yves Tanguy peignait à l’envers et retournait sa toile au dernier moment. En 1926, Masson inventera la technique des tableaux de sable.
Le frottage
En 1924, Max Ernst développe la technique du frottage consistant à placer divers objets en relief sous une feuille de manière à obtenir diverses textures, puis à passer au crayon ou à la peinture sur la feuille.
Ces prises d’empreintes qui ménagent des surprises participent de ce que les surréalistes appellent la ‘peinture automatique’. Dans celle-ci, l’artiste dessine ou peint sans réfléchir au sujet figuré : la représentation naît ainsi de l’inconscient, sans logique apparente, reproduisant les images de l’esprit humain selon un mécanisme semblable à celui qui produit les rêves. Antonella Fuga.
Le lavis
Paul Klee (1923) et Henri Michaux (1937) développeront le lavis, consistant à laisser agir l’encre sur le papier préalablement mouillé « obtenant des efflorescences plus ou moins fines, suivant le degré d’humidité et le grain de la feuille ».
La décalcomanie
Dans le même esprit, Dominguez Oscar en 1935 reprendra la technique de la décalcomanie consistant à enduire légèrement de peinture une feuille de papier pressée ensuite sur une autre à plusieurs reprises, des images comme les tâches d’encre identiques à celles de Rorschach. Quant à lui Paalen, en 1937 développe la technique du fumage, consistant à laisser des traces de fumée de bougie ou de lampe à pétrole.
Autres techniques
Le fumage, le grattage, le collage…
Après ou en marge du surréalisme d’autres techniques automatiques verront le jour comme celle du dripping de Jackson Pollock, ou les automatistes. Certains points de l’automatisme seront développés, Regner se concentrera sur la valeur subconsciente, Pollock sur le geste machinal.