L’œuvre gravé d’Alfred-Georges Regner se compose de 131 gravures, quelques linogravures et essais à l’eau-forte. Le peintre s’initie à la gravure en 1941 à Fontainebleau dans l’atelier du graveur et imprimeur Edmond Rigal. Ses premiers essais figuratifs sont caractéristiques de l’apprentissage de la technique à la pointe sèche sur plaque de cuivre.
Dès 1944, Regner acquiert une presse qui lui permet de pouvoir rapidement confectionner seul ses œuvres, ce qui lui donne une plus grande liberté de création. Une année plus tard, l’artiste grave son ex-libris composé d’une palette évoquant son art et d’une araignée qui a un pentagramme dessiné sur le dos. Regner fait preuve d’autodérision en réalisant un jeu de mot formé par les initiales de son prénom et son patronyme « A. Regner » donnant en phonétique la sonorité « Araignée » (Désagrément qui l’incitera à adjoindre à ses initiales, son deuxième prénom : A-G. Regner).
Les premières adaptations des dessins automatiques en gravure datent de 1946 et sont issus de la première période automatique (1945-1953), l’artiste n’en gravera que quelques-uns. À cette période, l’artiste se met à confectionner une gravure pour ses vœux, exercice qu’il renouvellera chaque année. Regner arrêtera de peindre en 1981, néanmoins il continuera à graver à l’occasion de ses vœux jusqu’à son décès.
À partir de 1957 la production de gravures s’intensifie, depuis 1953 l’artiste a fait évoluer sa technique automatique en retranscrivant l’intégralité des traits dans ses œuvres. Selon les tirages, le trait prend différentes teintes : noir, ocre, brun, vert, gris. Quelques œuvres sont à la fois déclinées en peinture et en gravure.
L’introduction de la gravure dans son processus automatique est une aubaine pour l’artiste, car celle-ci lui permet de reproduire à l’identique son dessin premier. Se plaçant alors à mi-chemin entre le dessin automatique et la peinture. Chaque technique fait ressortir un point particulier de son art : l’utilisation de la gravure permet à l’artiste de se focaliser sur le trait automatique, tandis que dans ses toiles c’est la couleur qui est minutieusement façonnée. La gravure est alors une lecture du jet automatique et la peinture une interprétation.
De 1966 à 1975, l’artiste réalise une série de 10 tirages sur papier gaufré. Ce sont des compositions de différentes gravures antérieures regroupées sous un même thème comme L’Omphalos ou Amours. Le support gaufré révèle une forme tel un calice, un corps ou encore une croix. Par ces combinaisons, l’artiste donne à voir un autre angle de lecture de son œuvre.